Lutte biologique - L'Inule visqueuse : nos sources scientifiques

L'Inule visqueuse : une mauvaise herbe qui a été systèmatiquement arrachée et a disparu de nos oliveraies au sol nu, monoculturales, sous l'action des herbicides, des charrues et des pioches. 

Il y a huit ans de celà, en retrouvant Lucien Passama (un de mes aînés, professeur de l'Institut de Botanique de Montpellier) et évoquant avec lui ma passion de l'Olivier, je m'étais entendu dire "Il faut replanter des Inules visqueuses sous tes oliviers". Aucune explication sur la relation olivier-inule mais une conviction de botaniste-écologue.

C'est maintenant que l'explication arrive avec les travaux multidisciplinaires du Groupe de Recherches en Agriculture Biologique (GRAB) et plus particulièrement ceux de François Warlop sur le rôle de plante relais que joue l'inule en abritant un parasitoïde de la Mouche de l'Olive : l'Eupelmus urozonus Dalman. Ce petit hymenoptère s'attaque à la mouche qui parasite les fleurs de l'Inule visqueuse mais aussi à la mouche de l'olive et à celle de la cerise (accessoirement ?) ! L'inule fleurit de fin août à fin octobre, les grosses attaques de la mouche de l'olive interviennent courant septembre. Le relais est assuré pour l'été suivant pour les précieux parasitoïdes de la mouche de l'olive qui vont hiverner dans les galles de l'Inule..

Une observation précise a été faite en Grèce sur une parcelle en régénération par des jeunes issus de l'école d'agriculture,  lesquels ont pratiqué l'arrachage de cette "mauvaise herbe" : la sanction a été un bond spectaculaire des attaques de mouche qui étaient, jusque là minimes et une destruction de la récolte. 

Mais l'inule n'est pas la seule plante hôte connue. La liste suivante, extraite des travaux des chercheurs (François Warloop, GRAB) est éloquente :

  • le jujubier,
  • le câprier est parasité par la mouche de la câpre qui attire Psittalia concolor (paraistoïde de la mouche de l'olive),
  • l'acacia est parasité par une cécidomye attaquée par Eupelmus,
  • l'anagyre fétide (espèce protégée dans le sud de la France, toxique),
  • le chêne vert est parasité au niveau de ses feuilles par un cynips attaqué aussi par Eupelmus, ...

La liste est longue. Il faudrait  y ajouter aussi des Astéracées (Composées) parasitées elles aussi par des insectes qui attirent les parasites de la mouche de l'olive. Nous citerons en conclusion François Warlop "Ces différentes espèces herbacées, souvent négligées, voire considérées comme des adventices, se retrouvent dans les vergers. Leur reconnaissance est un préalable à leur sauvegarde et à leur réhabilitation pour aider l'oléiculteur". D'où la préconisation du maintien du sol des oliveraies en partie enherbé (même non-irrigué). Les bordures des oliveraies avec les murets de pierres sèches sont essentielles pour le maitient d'une biodiversité de "broussailles" et de plantes jusque là férocement combattues. Il faut rétablir l'équilibre écologique de nos oliveraies. Il s'agit d'un changement radical de pratiques culturales. Celà oblige l'oléiculteur à un effort de raisonnement pour mieux connaître la biologie du parasite qu'il combat (ici, la mouche) et pour prendre en compte le fait qu'en "agriculture biologique ou en lutte intégrée, il n'existe par de solution unique pour lutter contre la mouche de l'olive, notamment dans les conditions de parcellaires éclatés ".

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Inule visqueuse (Dittrichia viscosa) et sol enherbé, Oliveraie Richardot à Claret
Photo Raymond GIMILIO © 2008
Raymond GIMILIO
Docteur en Biologie Végétale

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